
MUNCHAUSEN

Douce clarté

Douce clarté,
Hier, mon cœur a fait un bond
Il s’est arrêté de battre pendant un temps
Puis, d’un coup, a recommencé ses battements
En accélérant sans fin, plus que de raison.
J’ai donc cru que la maladie m’avait frappé
Alors que c’était vous l’origine de mes maux
Car à votre vue, Cupidon m’a transpercé
D’un torrent de flèches éclatant mon égo.
Il m’a infligé la plus belle des blessures,
Celle qui allie à la fois plaisir et torture,
Et que tout Homme passe sa vie à rechercher
Sans pour autant, un jour, pouvoir la récolter.
J’ai perçu en vous l’incarnation de Vénus
Dés lors, j’ai fait de vous mon plus fameux nectar
Déversé délicatement dans mon canthare
Qui jamais ne se vide, tel celui de Bacchus.
Depuis, il me suffit de penser à vos courbes
Pour me tordre d’un indescriptible plaisir
Et d’écouter votre doux et malicieux rire
Pour cesser, un temps, d’être doucereux et fourbe.
Si méphitique était, par mégarde, votre nom
Cela deviendrait surement un compliment.
Si les maracujas étaient vos ornements,
Vous vous transformeriez en fruit de ma passion.
Mais votre beauté n’a besoin d’aucune parure
Pour égaler les déesses du mont Olympe
Même si porter un collier de mes écritures
Ferait de vous la plus honorable des saintes.
Mais je ne suis que Bacchus, celui qu’on dit laid,
Qui use des libations et qui vit dans la crasse.
Plutôt qu’Apollon, dieu des beaux-arts et de la grâce
Et dont la finesse n’a d’égal que sa beauté.
Au moins, si moi aussi, je cours après Daphné
J’ai l’espoir de ne pas finir branche de laurier
Car mon chemin est la bonté, mon glaive : l’ardeur,
Et mes latrines : la perfidie et l’aigreur.
Je voudrai ma plume aussi belle que votre corps,
Je voudrai votre corps le plus proche du mien,
Je voudrai le mien aussi éclatant que l’or,
Je voudrai dès lors que nous ne fassions plus qu’un.
Même si je suis rongé par l’attente et le trac
J’espère réponse à cette ode faite en votre nom
Et que pour m’aimer, vous trouverez une raison.
A vous,
Savinien Cyrano de Bergerac